"Je commence à photographier les murs d’Aix-en-Provence en 1996.
Au début de cette aventure il y a la découverte d’un “graffiti” : Abîme de l’éphémère .
Je le photographie, puis je remarque ce qu’il y a derrière : un mur avec toute sa richesse et sa diversité, il me parle, me raconte une histoire : son histoire…, il se sent vieillir, sa fin est proche…
Pendant plus de 10 ans je photographie les parties purement abstraites de murs, les ocres provençales et les craquèlements de vieilles peintures, les graffiti d’enfants à la craie, les inscriptions anciennes et les reliquats d’enseignes peintes, les ouvertures fermées, cimentées, bétonnées ou empierrées, les murs usés par les ans et le climat, les décrottoirs, objets des temps passés, les gouttières éclatées, brisées, absentes répandant sur les murs des traces verdâtres, mousses luisantes, herbes folles…
Mais depuis quelques années ces murs, à l’image de la ville, se transforment, le ravalement s’empare d’eux, ils passent au 21ème siècle … J’assiste à ce changement de décor…
Je vois les murs tagués et les affichages sauvages d’il y a 15 ans disparaître peu à peu , les vieilles enseignes publicitaires et les devantures peintes irrémédiablement effacées, les murs décrépis refaits à neuf sans aspérité ni défaut, à l’image du temps présent.
Quelquefois, à l’occasion d’un ravalement, l’origine du mur se dévoile, une enseigne peinte réapparaît, oubliée depuis plusieurs dizaines d’années, mais la vision est éphémère, vite la ville reprend ses droits : un nouveau crépi et une nouvelle enseigne effacent cette “lézarde”.
Les photographies de cette exposition sont le témoignage de traces d’une autre époque, vestiges du 20ème siècle."