Fiches des livres:

LES RAPPORTS du Félibrige avec les religions présentes dans les régions de langue d'oc ne sauraient être réduits à quelques stéréotypes. Le Félibrige s'est voulu non confessionnel et a dû tenir compte de la diversité religieuse du Midi, de la variété des convictions ou des refus de ses membres, voire d'un certain «paganisme gréco-latin» présent dans ses productions littéraires. Mistral a su faire leur place aux Juifs du pape, aussi bien au Museon arlaten que dans le Trésor du Félibrige. En revanche, ses rapports avec le protestantisme ont été difficiles. Napoléon Peyrat, l'historien du catharisme, est resté hors du mouvement mais le protestant Pierre Dévoluy a été promu au capouliérat. Parmi les catholiques, le capelan-felibre, souvent modeste curé de campagne, a été un personnage du Félibrige. La langue d'oc n'a pu occuper qu'une place modeste dans les liturgies catholiques jusqu'au concile de Vatican II. Ce dernier a permis la traduction intégrale du missel et du lectionnaire, travail d'équipe et de longue durée. La création religieuse en provençal, souvent poétique, s'est accompagnée de la prédication orale et imprimée. 1.: ambition de faire entrer dans la littérature provençale le grand genre prestigieux de l'éloquence sacrée est ainsi manifeste dans le recueil de panégyriques du chanoine Grimaud. Le Félibrige a voulu graver dans la pierre l'existence de la langue provençale: l'inscription de la Croix-de-Provence sur la Sainte-Victoire en est un exemple. Il a participé à «l'invention de la tradition»: qui sait que Mistral n'ajamais connu le nombre de «treize desserts», mis au point par les félibres de la génération suivante ou que le rituel actuel du «pastrage» est félibréen? Les rituels collectifs du mouvement et sa religiosité à l'égard de la langue et de la petite patrie ont été également étudiés. Cet ouvrage qui comble une lacune des études régionales montre la variété des rapports entre le Félibrige et les religions et l'originalité d'un mouvement qui n'a guère eu, par sa durée et ses objectifs, d'équivalent véritable en France. Ce livre a été élaboré dans le cadre du Centre d'Études d'Histoire Religieuse Méridionale (CEHRM, Bibliothèque Xavier de Fourvières, abbaye Saint-Michel de Frigolet, 13150 Tarascon) sous la direction de son président, Régis Bertrand. 

MARSEILLE, qui est dominée par l'effigie de la Vierge de la Garde et fut la première ville à être consacrée au Sacré-Creur de Jésus, a été au cours d'une large partie de son histoire une «ville très catholique» et le catholicisme continue de marquer fortement son paysage urbain, ses cultures collectives et ses traditions identitaires. La présence protestante, restée discrète sous l'Ancien Régime, s'y est développée et affirmée à l'époque contemporaine; celle, très précoce, des églises d'Orient est devenue alors une de ses spécificités. Cette histoire longue de plus de seize siècles, faite de périodes de ferveur ou de temps difficiles et d'inlassables réalisations, est ici retracée, avec une attention particulière portée à un héritage patrimonial qui reste important et varié, en dépit des destructions. Une image de ville de foi et de tolérance s'en dégage, bien éloignée des stéréotypes sommaires.